Il est tôt dans le petit port de Te Anau Downs, peu d'animation agite les environs. Un bateau attaché au quai en bois attend le groupe du jour qui va s'attaquer au Milford Sound track. Seulement 40 personnes partent quotidiennement et il faut réserver entre 2 et 6 mois à l'avance pour faire partie du groupe. Heureusement que Christophe a pensé à tout ça.
Après une demi-heure de traversée nous quittons le navire à Glade Wharf. Un simple ponton de bois. Chacun trempe ses souliers dans une solution chlorée afin de ne pas souiller la terre du parc. La menace principale se nomme Didymo, une algue incontrôlable qui envahit les fonds des lacs et des rivières et étouffent toute forme de vie. Une photo devant le panneau d'entrée et nous commençons cette première journée de randonnée, une courte étape d'une heure et demie. On glisse lentement dans cet éden vert. Pont de singe, marche en forêt, rivière et eaux stagnantes. Ca fleure bon l'humus du sous-bois, une mousse abondante tapissent branches et troncs. De quoi ouvrir l'appétit des nous autres, randonneurs.
Nous arrivons à la première hutte, la Clinton Hut, où nous faisons connaissance du groupe. Un groupe hétéroclite et international.
En attendant avec impatience la journée de demain.
7h, le dortoir s'éveille. On enfile pantalon et chaussures, on boucle les sacs pour repartir, pour se perdre dans le labyrinthe émeraude. La mousse omniprésente s'accroche aux roches et à la terre, pend des branches supérieures des arbustes. Un couloir verdoyant perce la forêt luxuriante tel un accueil triomphal pour une petite colonie de chanceux. Sur les berges de la rivière, des troncs noueux à l'écorce incrustée de verdure dessinent un puzzle de couleurs. La plus belle des villes, monuments du génie humain, n'écorchera jamais la beauté sempiternelle de la nature. Rotorua était un monde de soufre, d'arsenic et d'activité volcanique, Milford Sound Track est un monde d'harmonie, de verdure, terre d'expression de la nature qui s'est endimanchée pour notre passage éclair. Au milieu de ce kaléidoscope chromatique, nous nous réduisons à quelques électrons libres gravitant dans les méandres d'un lieu où faune et flore vivent en symbiose.
Seconde nuit reposante au Mintaro Hut.
3e jour - nous quittons le corridor taraudé dans le sous-bois impénétrable pour gagner les hauteurs d'un colline. Sans transition, la couverture verte chute pour un décor désolé, une vague rocailleuse saupoudrée de taches neigeuses. Un patchwork sombre et brillant zébré d'un sentier en zig-zag. L'effort de la montée est récompensé au Mackinnon Pass. Une vallée émeraude est dernière nous et une autre s'offre à nous en aval. Les perroquets des montagnes appelés Kéas sont au rendez-vous. Ils goûtent aux lanières de nos sac-à-dos et apprennent à les ouvrir pour y fouiner des traces de nourriture. Le froid nous gifle et nous remet en selle sur le chemin de la descente. Pierres plates et glissantes, dorées par une fine couche d'eau de source, jonchent le parcours. Comme pour la première vallée, la transition est brutale et les rameaux noueux enveloppés de mousse dessinent une entrée triomphale. Nous longeons un cours d'eau qui a choisi la cascade comme moyen d'expression. Un leitmotiv qui nous fascine. Dans nos têtes, des notes de musique résonnent et nous déraisonnent. L'élément "eau" s'affirme dans ce tronçon et s'épanouit dans la puissante cascade de Sutherland qui jaillit de la falaise à 580m au-dessus de nos têtes. Un bain d'embruns. Une douche d'émotions visuelles et sonores.
Une heure de marche finale pour rejoindre la Dumpling Hut. Dernière nuit sur ce sentier magique qu'une poétesse du début du siècle avait qualifié de plus beau trek du monde. Et le qualificatif ne s'est jamais terni.
Ultime journée de randonnée après une courte nuit. Les organismes sont fatigués chez certains. Et les murs des dortoirs ont tremblé sous les ronflements des dormeurs les plus agités.
Sac-à-dos vissés aux épaules, nos yeux continuent leur analyse des couleurs, nos naseaux scrutent l'environnement olfactif et nos oreilles attirent la vigilance aux moindres craquements de branches. Chaque nouveau pas nous rapproche un peu plus de Sandfly Point. Bye-bye cascades d'eau pure, lacs miroitant, arbrisseaux alambiqués, mousses soyeuses et sentier feutré.
Parce qu'il y a des paradis terrestres qui ne se visitent qu'à pied. Parce qu'il y a encore des coins de terre où les arbres jaillisent du sol sans craindre la hâche. Quelques gouttes d'eau, quelques copeaux de bois, un peu de mousse, et Dame Nature vous fabriquera un fabuleux jardin.
En début d'après-midi, nous sautons dans le bateau qui nous éloigne du sentier pour nous conduire au village de Milford Sound. Le quai débouche sur un hall d'entrée digne d'une gare ferroviaire parisienne. On retrouve les hordes de touristes qui viennent se délecter des paysages de Milford Sound. Nous leur emboitons le pas et nous installons à bord d'un des gros bateaux qui s'appuie contre le quai. La croisière nous fait découvrir l'embouchure du fjord. Une myriade de cascades étroites coulent des falaises. Des falaises immenses au contour déchiqueté. Sur les rives, nous traquons le gorfou, sorte de pingouin rasta avec des sourcils jaunes et longs qui gesticule sur les rochers après une séance de pêche dans les eaux du fjord.
Cette croisière termine un moment inoubliable de notre aventure néo-zélandaise. Une tas de photos, un amalgame de sensations, une succession de paysages déconcertants et si peu de mots pour tout décrire...
Keyword - brûlure rétinienne -
jeudi 15 novembre 2007
Paradis émeraude sur le Milford Sound track
Par dorian le jeudi 15 novembre 2007, 22:22 - TDM-Nouvelle-Zelande
dimanche 4 novembre 2007
Dans un autre monde à Rotorua
Par dorian le dimanche 4 novembre 2007, 00:56 - TDM-Nouvelle-Zelande
Dans la vie de voyageur, les étapes de transition sont nombreuses, quelques moments de doute sont vite chassés par des moments d'émotions intenses qui nous rappellent à quel point nous sommes privilégiés d'être là. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir qu'elle était la sensation de marcher dans un autre monde. Je le sais désormais.
Notre premier contact avec cette autre planète passe par Te Puia. Un des 5 endroits dans le monde où il est possible de voir des geysers naturels (les autres sont en Islande, au Kamtchaka (Russie), au parc Yosemite (Etats-Unis) et à El Tatio (Chili)). Le plateau de calcaire est boursouflé de 2 protubérances. Des cheminées par lesquelles la pression souterraine peut se détendre. Mais quelquefois, comme c'est le cas ici, l'expulsion des gaz s'accompagne d'un jaillissement d'eau. Le geyser principal d'une dizaine de mètres de hauteur captent tous les regards et s'entourent de vapeur d'eau. Une merveille naturelle qui sourd du sol à intervalle régulier.
Le lendemain nous nous dirigeons vers la merveille thermale de Wai-o-Tapu. Un bref arrêt au geyser qui se déclenche tous les jours à 10h15 précise. Comment est-ce possible ? En fait le geyser n'a pas un déclenchement naturel et l'employé du centre plonge des cristaux de soude dans la cheminée et amorce le geyser. Tout le monde est sagement assis et regarde le spectacle, ébahi.
Nous retournons au parc de Wai-o-Tapu. Le mélange d'une importante activité thermique souterraine et d'une action acide soutenue donne a cette partie du globe une ambiance surnaturelle. Des émanations gazeuses qui campent le décor de science-fiction d'une planète lointaine. Les entrailles de la terre crachent leur venin, comme un avertissement. Et malgré l'hostilité des différentes blessures purulentes de la terre, cette nature-là est étrangement belle. Les couleurs se marient à merveille, les sonorités gutturales des bouches de silice sont diaboliquement attirantes et les évaporations fumantes enveloppent en douceur la moindre âme qui s'en approche.
Nous voici dans cet autre monde dangereusement séduisant qu'on gobe par tous nos sens. Ce genre de monde d'où on ne veut pas ou plus partir. Intoxiqués et finalement heureux de l'être.
Pour comprendre la profusion de couleurs qui émanent de la terre, un lexique donne la relation entre la couleur et l'élément chimique. Ainsi le jaune correspond au soufre, l'orange signale des traces d'antimoine, le blanc s'apparente à de la silice, le rouge-brun est réservé à l'oxyde de fer, le noir témoigne de la présence de graphite ou d'un mélange soufre/carbone, le violet symbolise le manganèse et le vert clair nous indique une composition à base d'arsenic, et plus c'est vert, plus il y a d'arsenic !
A l'énumération de l'ensemble de ces éléments chimiques, on comprend que la zone de Wai-o-Tapu concentre une activité géothermique particulière et inhospitalière. Ici, les différents stands se nomment la maison du diable, la grotte à souffre, le cratère du tonnerre, le bain du diable ou encore le cratère de l'enfer.
Certaines grottes laissent échapper un liquide noirâtre, sur le sol de petites flaques de soufre sont en ébullition, la piscine de champagne au liseré orange rejette un gros nuage de vapeur qui selon le vent vous entoure et vous laisse perplexe sur les résidus respirés.
Mais assez parlé, place au feu d'artifice de couleurs et de fumerolles. Délectez-vous des paysages surnaturels de Wai-o-Tapu.
Le clou du spectacle : la piscine à champagne
lundi 15 octobre 2007
Impressions soleil levant sur le Taj Mahal
Par dorian le lundi 15 octobre 2007, 13:47 - TDM-Inde
Le réveil du Taj Mahal appartient à ceux qui se lèvent tôt. On traverse une entrée gigantesque et la silhouette du mausolée se dévoile aux premières lueurs de l'aube. Un long bassin chatoyant s'étire jusqu'au tombeau blanc.
Fascinant assemblage de pierres et de blocs de marbre qui m'hypnotise un peu plus à chaque nouveau pas.
Folle construction d'un roi fou, fou amoureux de sa femme.
Symbole de l'amour absolu et de la démence qui peut agiter le coeur d'un homme inconsolable.
Les jardins et bassins rectangulaires contrastent avec les courbes ondoyantes des domes. Overdose d'harmonie dans ce complexe à la symétrie parfaite où la mort n'a aucunement entâché un amour éternel.
L'histoire est cruelle et un destin tragique attendra le constructeur du mausolée blanc. Roi déchu, Shah Jahan finira emprisonné avec dans sa cellule une petite lucarne comme unique compagnon. Une simple fenêtre d'où, ironie du sort, il pouvait contempler la construction de sa vie dédiée à son épouse défunte.
Beaucoup de constructions humaines impressionnent par leurs proportions démentes, leurs tailles défiant les lois de la physique mais bien peu font soulever le coeur et vibrer au plus profond de soi. Le Taj Mahal appartient à ce monde-là. On peut en faire le tour plusieurs fois et rien n'apaisera le feu intérieur et le tourbillon de sensations qui vous submergent. Je m'assois pour rassembler mes émotions. Le mausolée envoûte ses pensionnaires d'une aura bienveillante, érode les esprits les plus vifs et réveille les coeurs les plus doux.
Je marche une dernière fois autour du mausolée blanc, désorienté par ces mêmes sentiments qui m'ont envahi plusieurs heures plus tôt ; dès les premières secondes où j'ai pénétré dans l'enceinte du Taj Mahal. Je repars avec l'illusion d'avoir vécu un rêve. Un rêve où je parcourais un chemin pavé de marbre blanc. Un rêve où je m'arrêtai pour m'adosser à l'abri d'une alcôve sur un palais doux comme la soie.
Sur ces images angéliques à la blancheur éclatante, se termine notre périple indien. On a simplement picoré quelques miettes de ce pays regorgeant de culture et de vie. Bien malhonnête est celui qui en un mois se vante d'avoir visité l'Inde. Cette courte parenthèse a ouvert une brêche dans nos esprits, une fissure qu'il faudra combler en revenant. Pour découvrir d'autres facettes, d'autres paysages et d'autres gens du sous-continent indien. Et surtout pour vivre de nouvelles aventures que seul l'Inde peut offrir.
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